Avec la pièce que je propose, Le Bar de l’Oriental, dont la lecture sera dirigée par Géraud Bénech, c’est un dépaysement assuré que nous présentons. En effet rien n’est plus éloigné de Jarnac, de son climat sain, sec et tempéré, que l’atmosphère poisseuse, malsaine et délétère du Tonkin dans cette année fatidique de 1950 au cours de laquelle des couples s’affrontent, se déchirent, se trahissent et sont eux-mêmes trahis par l’Histoire. Atmosphère glauque d’une colonisation finissante, empêtrée dans ses contradictions et rongée par ses poisons.
LE BAR DE L’ORIENTAL
« Langson – 1950. Cinq personnages
en quête d’eux-mêmes se retrouvent soudain face à leur destin, tragique ou médiocre, selon leurs parcours ou leur caractère, tandis qu’en arrière-plan, la guerre d’Indochine entre dans sa phase critique avec l’abandon par la France de la forteresse de Cao Bang.
Comment donner un sens à ses actes, à son existence, lorsque tout se désagrège tout autour ? Que faire de nos désirs inassouvis lorsque par faiblesse de caractère nous les laissons en l’état ? De quelle dette secrète doit on s’acquitter pour mériter, à défaut du bonheur, de continuer de vivre ?
Au croisement du politique et de l’intime, cette pièce aux accents parfois tchekhoviens revient sur ces questions lancinantes qui ont traversé le XXe siècle et que ravivent parfois le retour impromptu de l’Histoire dans notre présent.
L’engagement politique, la quête ésotérique, l’art, ou l’amour opèrent ici comme autant d’illusions pour lesquelles les plus idéalistes iront jusqu’à sacrifier une vie rongée par une blessure originelle.
Que s’est-il donc passé cinq ans plus tôt à Saïgon, au Bar de l’Oriental ? »
Géraud Bénech Metteur en scène